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4ème Dimanche de Carême, Année A.

Le dimanche passé le Seigneur nous parlait de la samaritaine. Le Christ Jésus notre Seigneur, Dieu fait Homme est fatigué et a soif. Sa soif en réalité est celle de notre réponse à son amour, lui l’époux dont Jean le Baptiste disait être l’ami (Jn 3, 29)...

 

Ce quatrième dimanche est plus marqué par la guérison de l’aveugle né. Bien avant de parler de l’aveugle né c’est la question de la vue dont il s’agit dans le Premier Livre de Samuel (16, 1b.6-7. 10-13a). Notre jugement se fait très souvent par la vue. Un témoin oculaire serait plus fiable que celui qui a entendu dire. Et la vue peut aussi nous tromper. C’est le cas du prophète Samuel que Dieu envoie dans la famille de Jessé. Ses sens, bien qu’étant prophète l’ont trompé. Il faut se référer toujours à Dieu pour ne pas se tromper et voir les choses, les événements et le monde comme Dieu les voit et les fait voir. Voir avec les « yeux de Dieu » demande aussi à aller contre notre logique habituelle. Le prophète Samuel voit les choses de façon humaine : l’aîné serait celui qui va être oint. Mais « Dieu ne regarde pas comme les hommes, il ne regarde pas les apparences mais le cœur » ...

Dieu choisit le dernier de la famille, celui qui est en train de garder le troupeau alors que les autres sont au village. De cette façon, le Seigneur nous montre qu’il ne nous choisit pas pour telle ou telle autre qualité que nous aurions mais par miséricorde et par sa pure grâce. Nous n’avons aucun mérite pour cela. Alors manquerions-nous de confiance au Seigneur qui choisit librement qui Il veut ?

Dans la situation actuelle de pandémie, comment faire confiance à Dieu ? Le Psaume 22 vient nous donner une réponse « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien ». Comment faire confiance au Seigneur quand on nous annonce un futur incertain et difficile ? La situation serait-elle moins difficile si nous n’avions pas confiance au Seigneur ? Le psalmiste nous montre que le Seigneur est toujours avec nous « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton me guide et me rassure ». La confiance au Seigneur signifie aussi accepter les mesures de protection qui nous sont données. Comment ne pas citer ses paroles de saint Ignace de Loyola qui nous sont si chères « Agis comme si le succès de ton entreprise ne dépendait que de toi tout en faisant confiance au Seigneur ».

Notre action menée doit être celle de la lumière comme nous dit saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens. Nos actions doivent être celles de la lumière. Mais pour que nous menions des actions de lumière, il convient que nous soyons des fils de la lumière et que ce soit le Christ Jésus, Lumière du monde qui nous guérisse de notre aveuglement de naissance.

C’est le cœur de l’Evangile de ce dimanche. La question serait qui voit ? Qui est aveugle ? Jean est le seul qui parle de cette guérison. Les autres évangélistes n’en parlent pas. Il convient ainsi d’abord de voir le contexte de cette guérison.

C’est le contexte de la fête des tentes. Cette fête était la plus solennelle et était liée à la fin des récoltes agricoles, la fin de la moisson. D’où la joie de tout un peuple. Il y a aussi une piscine dont l’eau qui vient de la source et était « envoyée » à la piscine de Siloé. Il y avait dans cette fête la liturgie de l’eau que le Grand Prêtre prenait de la piscine (considérée pure) pour la verser sur l’autel du Temple.

C’est dans ce contexte que Jésus se déclare la Vraie Source d’eau qui donne la vie. Un autre élément est de reconnaître que c’était aussi la fête des lumières. Et Jésus se présente dans ce contexte comme la Lumière du monde. C’est dans ce contexte que Jésus guérit l’aveugle né. C’est une invitation que l’évangéliste Jean fait à chacun de nous pour passer des ténèbres à la lumière.

L’aveugle né représente ainsi le passage des ténèbres à la lumière. Nous pourrions comprendre cet Evangile en 5 scènes. La première scène est celle de Jésus et ses disciples qui discutent, jusqu’à la guérison de l’aveugle. Dans cette première partie, le Seigneur nous montre que notre façon de juger les événements n’est pas correcte.

Nous sommes tentés d’attribuer la faute à quelqu’un. Qui aurait péché ? Les parents ou lui-même ? Ainsi ce qui lui arrive serait une punition de Dieu. Le Christ éclaire cette discussion que nous trouvons dans tout le livre de Job où si un malheur nous arrive c’est parce que nous avions péché contre Dieu. Ce n’est pas la faute de l’homme que nous naissions aveugles. C’est la condition humaine.

La guérison que fait le Seigneur en utilisant la même matière qu’à la création (la terre, la salive) montre que Dieu crée le nouvel homme qu’il veut. Cet aveugle qui ne voyait pas doit devenir un homme nouveau que les gens ne reconnaissent plus. Et donc cette guérison veut signifier que nous naissons aveugles et c’est la rencontre avec le Christ qui nous ouvre les yeux et nous fait voir. Ce n’est pas l’aveugle qui demande la guérison. L’initiative vient de Jésus. L’aveugle n’a pas l’expérience de la lumière.

La deuxième scène est celle où l’aveugle n’est plus reconnu. La rencontre avec le Christ ne doit pas nous laisser indifférents. Elle doit produire en nous un changement que les autres voient. C’est ainsi que l’aveugle n’est plus reconnu par ceux qui le voyaient mendier. L’ancien aveugle peut alors se confronter à ceux qui le voyaient avant. Ceux-là sont restés aveugles. Mais l’aveugle voit. Il voit parce qu’il reconnaît sa maladie. Son ancienne condition le mettait assis. Sa guérison le met debout.

La troisième scène est celle de la reconnaissance de Jésus comme prophète. Maintenant il est libre, honnête et il n’a plus peur. Il peut témoigner de la lumière du Christ sans avoir peur des chefs de peuple. Ces chefs sont capables de le chasser du Temple. Lui, il a été envoyé se laver dans l’eau de l’Esprit qui symbolise son baptême. Il voit. Il est libre. Ainsi l’aveugle témoigne pour Jésus. Il le considère comme un prophète. Le Christ n’est pas encore le Messie pour l’ancien aveugle.

La quatrième scène est celle de la rencontre des parents avec les pharisiens. Les parents ont peur. Ils ne défendent pas leur fils : « Il est assez grand, interrogez-le ». Eux sont encore aveugles. L’enfant voit. Les pharisiens ne citent même pas Jésus. Ils savent que c’est Jésus. Ils doutent de lui. Alors qu’ils lisent dans le Ps 145, 8 « Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles ».

Ainsi, l’aveugle qui est considéré « né dans le péché » est capable de leur dire « jamais un pécheur n’a ouvert les yeux à un aveugle ». Les pharisiens ont peur de mettre en cause leurs acquis. L’Evangile nous invite à mettre en cause ce que nous sommes, ce que nous pensons évident.

Passer des ténèbres à la lumière fait prendre conscience de notre ignorance. L’aveugle voyant dira clairement qu’il ne sait pas. Il est conscient de sa nouvelle identité. Il est libre de défendre la vérité parce qu’il a reçu la nouvelle lumière. Il n’a pas peur de l’autorité sans la diviniser. Il est courageux d’où il fait de l’ironie face aux grands. Il résiste aux pressions au risque de subir les violences.

La cinquième est celle de la rencontre de Jésus avec le nouveau voyant. Le voyant voit mais il n’a pas encore la pleine connaissance de Jésus. Devant les pharisiens, il dit de Jésus qu’il est un prophète. Mais maintenant il rencontre Jésus qui lui dit « Crois-tu au Fils de l’homme ? ».

L’aveugle ne connaît pas toujours Jésus. Mais il manifeste la volonté de le connaître parce qu’il accepte son ignorance et ne se complaît pas dans des semi-vérités, ces fausses vérités qui ne tiennent pas la route. Le Christ qui était au début a fait le choix de laisser le voyant se battre seul contre ceux qui s’opposent à lui. Sa force vient de la lumière qu’il a reçue. Jésus veut que nous nous posions la question si nous voyons vraiment. Les pharisiens d’aujourd’hui c’est nous tous. Nous sommes invités à accueillir la lumière du Christ en reconnaissant notre obscurité ainsi le Seigneur nous pardonnera.

Le Seigneur nous invite à accepter notre cécité afin qu’Il la guérisse. Nous devrions lui faire confiance. Il n’abandonnera pas l’humanité à son triste sort. Que la Vierge Marie nous aide à avancer dans la crise actuelle, dans la connaissance de la volonté de son Fils. Que saint Joseph protège nos familles, notre paroisse et tous ceux qui nous sont chers. Amen.

Père Marie Pierre

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