
Je ne suis pas théologien et ne ferai qu’une courte réflexion d’un « petit diacre de banlieue » laissant à d’autres plus compétents que moi le soin de compléter ou contredire.
La question a pris de l’importance lors de la réforme protestante. Nos frères protestants nous reprochaient de développer une notion d’un salut à gagner (ou perdre) par la force de nos œuvres. La référence à l'évangile de Mathieu au chapitre 25, illustré par les portails de nos cathédrales, et que nous avons lu dimanche dernier en est souvent la base. Jésus interroge chacun sur ce qu’il a fait de bien ou de mal et envoie alors vers le paradis ou vers l’enfer. Dans une telle perspective, il faut donc « gagner » son paradis par les (bonnes) œuvres en tâchant de ne pas le perdre par les mauvaises. De plus il était possible de rattraper les mauvaises en achetant des indulgences en monnaies sonnantes et trébuchantes que l’Eglise de l’époque n’hésitait pas à vendre.
Scandalisés par ce commerce, et travaillés par la lecture d’autres textes de la Bible, nos frères protestants se sont appliqués à rappeler que le salut est don de Dieu et donc gratuit. Que ce salut est premier et donc indépendant de ce que nous sommes. Dieu nous prend et nous sauve tels que nous sommes, comme il le fait pour Marie Madeleine, la samaritaine ou le bon larron. Cette réflexion s’appuie en particulier sur l’analyse de Saint Paul (Rom 5, 18) : « de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. ». C’est par le don gratuit de sa vie que Jésus Christ nous sauve tous.
La réflexion de fond est que nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes, par nos propres ressources, de même que nous ne pourrons pas nous ressusciter par nous-mêmes. Pouvoir faire le bien est déjà une grâce, et nous ne devons donc pas en tirer orgueil, mais en remercier le Seigneur.
Un appel à ne pas désespérer de nos échecs, mais à mettre notre confiance dans le Seigneur qui seul peut nous sauver, Lui, qui de tout, y compris le mal, sait tirer du bien. C’est seulement dans cette confiance que nous pouvons alors nous laisser conduire à faire le bien, en contemplant le Christ qui a donné sa vie pour notre salut.
Car nous sommes toujours appelés à faire le bien en mettant notre volonté au service des dons reçus par grâce. Sinon, notre foi serait vaine comme le dit Saint Jacques (Je 2,14) : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? »
Jean Pierre RAIMOND
Diacre