L'Église nous propose fin décembre de fêter la sainte famille et, par le fait même, de réfléchir ensemble aux chemins de sainteté pour notre propre famille ...
D'abord, notons que la description de l'avenir de la sainte famille par le vieillard Syméon est rude : « Vois ton fils… et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée...! » Et il n'a pas tort ! Car, peu de temps après, ils ont été obligés de s'enfuir et de devenir des immigrés en Égypte.
L’Evangile nous relate ensuite un certain nombre d'événements difficiles, comme par exemple la fugue inquiétante et lourde de Jésus à l’âge de 12 ans avec ce dialogue tendu qui s'ensuivit… et cet épilogue où Marie est au pied de la croix avec son fils torturé jusqu'à la mort sous ses yeux.
C'est une famille à problèmes, à malheurs successifs...
En face de cela, l’Eglise a eu tendance à proposer une famille « cliché » :
- Papa, maman et deux enfants,
- Une famille qui ne fait pas de vagues,
- Un couple idéal : Voyez comme Ils s’aiment !
- Des enfants sages et obéissants,
- Et la prière, tous les soirs, à genoux devant une bougie.
C'est souvent cela l'image de la sainte famille qu'on nous a proposée.
Or, quand on regarde ce qui se passe, souvent, ce n'est pas cette situation « idéale ». Il y a des portes qui claquent, des enfants difficiles, des ados qui revendiquent fortement leur liberté. Il y a des familles monoparentales, des familles brisées, des familles recomposées. Que sais-je encore ? Là aussi, le plus souvent, ce n'est pas simple.
En fait, les textes de l'Évangile ne nous ont jamais présenté une famille modèle qu'il faudrait imiter, comme un prototype dont il faudrait le plus possible s'approcher.
Mais il y a un mot au cœur de la famille : « la confiance ».
- C'est sur la confiance qu'elle se construit
- C’est parce qu’il y a de la confiance qu’elle dure.
- C'est la confiance qui permet de passer les pires obstacles et qui ouvre le chemin du pardon.
S'il y a une chose qui rend la famille sainte, c'est la confiance donnée, redonnée, renouvelée, même au cœur des tempêtes, des échecs ou des usures du temps. C'est d'ailleurs ce que Dieu ne cesse de vouloir nous donner.
C'est en effet d'abord le sens de Noël : Dieu nous fait confiance. Il se remet entre nos mains et attend de nous tout ce qui lui faut pour vivre : nos regards, notre amour, notre savoir, notre temps... Il croit en nous !
Jésus ne cesse de dire : « Va, ta foi t'a sauvé ! » à l’aveugle, au lépreux, à la femme courbée... C'est parce que tu laisses entrer en toi cette confiance que Dieu y a mise comme une petite graine qui ne demande qu'à grandir que la lumière peut se faire dans ta vie, dans ton couple, dans ta famille.
Jésus nous partage l’objectif du projet de Dieu : c'est un monde réconcilié... qui devra passer souvent par des morts pour trouver enfin des chemins de vie.
Ainsi en va-t-il de la famille. Elle est le lieu des apprentissages fondamentaux :
- Apprentissage de l’amour.
- Apprentissage de la relation, du dialogue.
- Apprentissage du respect.
- Apprentissage de la valeur infinie de la personne humaine.
Dans cet apprentissage, elle aura souvent à rétablir la confiance par le pardon. Elle aura quelquefois à empêcher la mort d'avoir le dessus. Elle aura aussi à vivre des séparations sans retour... Mais ce sera toujours avec ce désir que la vie ait le dessus, et que ce ne soit pas l’échec, la séparation ou la mort de la relation qui ait le dernier mot...
La famille est sainte si elle vit chaque jour ces réalités toutes humaines, quelquefois très difficiles, avec la force de vie et de confiance que Dieu donne à tous ceux qui veulent bien la recevoir. C'est vivre l'aujourd'hui de la famille comme un moment dans lequel on peutse laisser construire à l’image de Dieu.
Père Guy de Lachaux