Vincent et Nadège me reçoivent chez eux un soir de semaine après leur journée de travail. Tous les deux se préparent à vivre ce nouvel engagement de Vincent qui sera ordonné diacre permanent le 1er juin par Monseigneur Pansard dans sa paroisse des Ulis. Ils témoignent de leur foi et de leur cheminement…
Pouvez-vous nous présenter votre parcours familial, professionnel et spirituel ?
Vincent :
Je suis né au Togo et je suis arrivé à Paris en 2000, puis nous avons déménagé aux Ulis en 2006. Je suis chef d’atelier Fabrication Spéciale dans le groupe Bouygues Construction et je travaille à Chilly-Mazarin.
Je suis l’aîné de 6 frères et sœurs, et j’ai grandi au sein d’une famille catholique pratiquante et au service. Mon père était enseignant dans les écoles catholiques au Togo et mon petit frère est provincial des Frères des Ecoles Chrétiennes. Avant de venir en France, j’étais très engagé dans le Renouveau Charismatique.
En France, j’ai poursuivi cet engagement dans le renouveau Charismatique en étant, encore aujourd’hui, berger du groupe « Cœur de Jésus » aux Ulis. Après avoir été membre pendant 6 ans de l’équipe animatrice des Ulis, je me suis investi dans la liturgie et les groupes de prière.
Nadège :
Je viens également du Togo, je suis arrivée en France 9 mois après Vincent. Nous nous sommes fiancés au Togo en 1994 (30 ans déjà !) et nous nous sommes mariés à Bures en présence du père Prosper Akpemado, un ami connu au Togo.
Cadette de 5 frères et sœurs, dans une famille catholique, j’étais une paroissienne fidèle mais sans engagement particulier.
Je participe bien sûr au groupe du Renouveau, et après avoir fait partie de la chorale, je participe à l’animation des messes avec l’équipe liturgique des Ulis.
Nous avons 2 filles, l’une étudiante et l’autre en 3ème. L’aînée est responsable des servants de messe. Elle prend donc elle aussi sa part à la vie de la paroisse.
Comment est venu l’appel au diaconat, et comment l’avez-vous accueilli chacun, en couple et en famille ?
Vincent :
J’ai été approché une première fois par le père Prosper en 2006, puis par d’autres prêtres et une religieuse. Mais cela ne correspondait pas alors à un souhait de ma part. Pour moi qui suis issu d’une famille joyeuse, et qui suis d’une nature à extérioriser ma joie et ma louange, cela ne correspondait pas à ma sensibilité : je craignais de ne pas pouvoir manifester ma joie en prenant ce ministère.
Mais un événement a changé ma façon de voir le ministère des prêtres et des diacres. J’ai participé au jubilé d’or du Renouveau Charismatique à Rome en 2017 pendant une semaine, un rêve pour moi qui souhaitais participer à la plus grande assemblée de louange au monde. Et là j’ai vu des évêques, des prêtres, des religieuses qui manifestaient leur joie en levant les mains, en sautant de joie. Et lorsque je suis rentré, 2 personnes m’ont interpellé par rapport au diaconat : une religieuse d’Evry membre du Renouveau et le père Séverin Gakpe des Ulis.
En parallèle, mon père me disait « Laisse faire ». Alors j’ai accepté de démarrer un cheminement pour voir où le Seigneur m’appelle et me conduit.
Nadège :
A chaque fois que Vincent était sollicité, nous en parlions. Mais j’ai senti une transformation après sa participation au jubilé du Renouveau à Rome. Moi-même qui ai suivi le jubilé à distance par vidéo, j’ai trouvé cela merveilleux, très porteur. Alors j’ai compris qu’il se lance dans la démarche.
Je ne savais pas ce qu’était le diaconat, mais heureusement que Jean-Pierre Raimond, diacre, est venu nous en parler avec sa femme Cécile. J’ai pu échanger avec d’autres femmes de diacres pendant la période de pré-discernement et cela m’a beaucoup éclairée pour comprendre ce à quoi je m’engageais également. Car même si Vincent seul est appelé et sera ordonné, le diaconat est un engagement de couple : puisque nous nous sommes dits OUI à notre mariage, il fallait que moi aussi je pose un 2ème OUI pour cet engagement dans l’Eglise.
Aujourd’hui, sachant ce que Vincent fait déjà pour la paroisse, en temps et en accompagnement, j’ai pleine confiance. Je sais qu’il aura toutes les capacités pour ce nouveau ministère, car comme Dieu l’a appelé, il lui donnera les moyens d’accomplir cette nouvelle mission. Alors, moi aussi je laisse Dieu faire, je m’en remets à sa volonté.
Quant à nos filles, elles n’ont pas été étonnées. Voyant comment leur père est engagé dans l’Eglise, cela leur paraît presque naturel, et cela ne changera pas grand-chose.
Comment se passe le parcours vers le diaconat ?
Vincent :
C’est un parcours en couple qui dure 6 ans. Il y a d’abord 2 ans de pré-discernement puis 4 ans de formation. La 1ère année de formation est consacrée à l’étude des évangiles, de la christologie et des écrits de saint Paul. La 2ème année est consacrée à l’Ancien Testament et à l’ecclésiologie, la 3ème année à la liturgie et les sacrements puis la 4ème à la théologie morale et la suite de la liturgie et des sacrements. Cela se passe pendant des week-ends intenses mais très enrichissants, et il y a bien sûr de la lecture entre les sessions. Nous nous retrouvons avec des couples venant de toute l’Ile-de-France.
A la fin de chaque année, nous faisons chacun une relecture que nous transmettons à l’équipe de discernement du diocèse, qui ensuite fait une recommandation à l’évêque pour arrêter ou continuer. Nous aussi nous avons la liberté de décider d’arrêter. A la fin de la 3ème année, il y a l’admission qui se traduit par une célébration privée avec l’évêque. C’est à l’issue de cette admission que la formation est rendue publique sur la paroisse. Ensuite c’est l’année des institutions : j’ai reçu une aube qui a été bénie par le père Mathurin début janvier, puis j’ai été institué lecteur et acolyte (pour le service d’autel) par Mgr Pansard fin janvier.
Y-a-t-il eu un moment déterminant pour toi pendant la formation ?
Vincent :
Malgré cet appel relayé par plusieurs personnes, je gardais des incertitudes. Avec un ami prêtre togolais, j’ai compris qu’il fallait que mon cœur soit en paix et que mon désir de servir en tant que diacre était ce qui allait me porter pendant tout mon ministère. Avais-je vraiment ce désir ? Sans que je m’y attende, il a jailli au moment où nous approfondissions avec le père Gilles Drouin le RICA (Rituel d’Initiation Chrétienne des Adultes). Oui, j’ai eu ce désir d’être serviteur en célébrant le sacrement du baptême.
C’est donc un long processus. Dieu m’a séduit à travers le temps. Il a changé mon regard sur les événements. Il a répondu à mon rêve, et sans forcer, le désir a jailli.
Quelle parole de la Bible vous touche particulièrement chacun ?
Nadège :
Pour moi, c’est : « Je peux tout en celui qui me fortifie » de la lettre de saint Paul aux Philippiens 4, 13.
Quand je me réveille le matin, je dis « Seigneur, je te confie ma journée , je te confie les gens que je vais rencontrer, les gens que je vais accueillir. Donne-moi ton Esprit Saint pour faire ce que j’ai à faire, même si cela peut être difficile ». Avec cette prière, j’ai confiance pour commencer ma journée. Je suis humaine, parfois c’est difficile, mais Celui qui me fortifie me fait avancer.
Vincent :
Le verset qui me donne de l’élan, c’est « l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. ».
On vit dans un monde où si on n’a pas l’Espérance, alors on n’avance pas.
Quelle personne vous inspire sur votre chemin de foi ?
Vincent :
Les écrits du père Raniero Cantalamessa me parlent. C’est un théologien franciscain qui est prédicateur à la maison pontificale, donc pour le pape , les cardinaux, les évêques. J’aime sa sensibilité œcuménique.
Nadège :
Celui qui m’inspire, c’est saint Paul. Quand je lis ses lettres, je me demande comment quelqu’un qui était persécuteur des chrétiens est devenu si croyant et a pu transmettre sa foi. Je me dis que Dieu est capable de tout. Il te prend de rien du tout et il t’élève. Saint Paul a reçu la grâce de comprendre et de parler du mystère de la foi, et de le répandre à tous les peuples.
Quel est ton état d’esprit Vincent avant l’ordination ?
Vincent :
Je suis très heureux à l’approche de mon ordination, je porte cette joie de pouvoir être serviteur. Plus j’avance, plus je découvre et je sors de l’ignorance, plus je suis heureux.
Mais il y a une part de tristesse en moi car je pense à mon père qui est décédé l’an dernier lors du week-end où l’on annonçait mon admission. Il a été très heureux quand mon frère est devenu religieux et quand j’ai été appelé au diaconat, car lui-même a eu ce désir d’être prêtre. Alors j’aurais tant aimé qu’il puisse partager la joie de mon ordination avec moi.
Un message pour les paroissiens des Ulis et du secteur ?
Vincent :
Je veux simplement leur dire que c’est au milieu d’eux que le Seigneur m’a appelé. Ils me connaissent, le Seigneur n’appelle pas les meilleurs ou ceux qui sont plus intelligents. Il appelle à servir, soyons confiant.
En ayant en tête cette parole de la lettre aux Hébreux 4,16 « Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours », nous pouvons rendre gloire à Dieu !
Après cet échange, nous rassemblons ce que nous avons partagé dans une prière d’action de grâce. Je suis touchée par la confiance, l’humilité, la paix et la joie que Vincent et Nadège dégagent. Le Seigneur est présent dans leur vie, je le sens dans leurs paroles, et même dans l’aménagement de leur appartement : dès l’entrée, j’ai senti que c’était un lieu baigné par la prière. Je prie pour qu’ils rayonnent toujours de cette lumière qui les habite. Venez nombreux pour les entourer lors de l’ordination de Vincent le 1er juin aux Ulis à 15h !